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Voilà, ici, derrière moi, vous avez le Pont Charraud, sur la Sedelle, qui est un pont fameux, bien connu des peintres parce qu'ils l'ont beaucoup peint. Mais si nous étions en 1900 aujourd’hui, peut-être aurions-nous la chance de voir passer derrière moi sur le pont la carriole de l'hôtel Lépinat qui allait chercher les voyageurs, touristes et artistes peintres à la gare de saint Sébastien.
C'était fréquenté comme étaient fréquenté des sites comme Étretat. On le voit sur les photos, les gens qui fréquentaient étaient des Parisiens plutôt 16e arrondissement, qui venaient voir un pays très sauvage, où on parlait patois, où les petits cochons se promenaient dans les bruyères, et qui était si jolie et si sauvage.
À l'époque c'était assez déboisé, c'était beaucoup plus visible, et on entrevoyait le pont et ses deux fermes. Ça Guillaumin a du le peindre je ne sais pas 100 fois, 150, 200 fois, c'est vraiment un motif qu'il a travaillé plusieurs années. Et c'est très intéressant parce que sur chacun de ses tableaux est indiqué derrière, de sa main, « le Pont Charraud, 8 septembre 1904, sept heures du matin.
La caractéristique d'un tableau peint sur le vif en plein air, c'est que vous avez un temps limité pour faire le tableau, vous avez environ 10 minutes, un quart d’heure. Donc, il est totalement impossible en 10 minutes, un quart d’heure de faire un tableau ayant le côté léché et fini qu’exigeait le salon des artistes français de Paris, d'où les réactions extrêmement violente contre les premiers impressionnistes qui ont apporté des tableaux. On leur a dit « Messieurs vous reviendrez quand vous aurez terminé vos tableaux, nous on n’expose pas des ébauches ». Ils ne comprenaient pas quelle était la démarche exacte du peintre. Le peintre lui, ce qu'il voulait c'était ne pas mentir, fixer un endroit, un moment précis et une lumière précise.