La fabrication des bardeaux de châtaignier

La façade de cette maison est entièrement couverte de bardeaux de châtaignier, un savoir-faire local dont Marc Richard vous montre ici le procédé artisanal.

Au tout début quand j’ai commencé on faisait les bardeaux en forêt dans des cabanes transportables, et on laissait tous les déchets dans la forêt. Donc le bois restait d’où il venait. On amenait hors de la forêt uniquement les paquets de bardeaux. Donc j’ai appris sur le tas.
[commentaire en action] Le morceau est un peu sec.
J’ai pris la succession de quelqu’un qui faisait ça depuis les années peut-être 1900, peut-être même avant. Donc cette personne là avait presque l’exclusivité en France et elle ne travaillait que pour les Monuments Historiques. Quand il a arrêté il m’a demandé si je voulais reprendre son affaire. Je n’attendais que ça, donc ça n’a pas été difficile pour moi de continuer.
[commentaire en action] Celui là n’est pas plus tendre.
Le bardeau en général quelque soit l’essence d’arbre ça existe depuis la nuit des temps. Au Moyen Age c’était très utilisé et puis ça a disparu face aux matériaux modernes. Donc il est resté quelques édifices à couvrir et je crois que ça continue dans le même sens. On essaie bien de faire utiliser notre bardeau dans de la construction contemporaine mais c’est très difficile.
Alors j’utilise du châtaignier. Et le vrai nom du bardeau de châtaignier ça s’appelle des essentes. Et dans pas mal de régions c’est connu sous le nom d’essentes. Donc quand on a une réfection de mur ou de façade ça s’appelle un essentage. Je précise bien que le bardeau normalement c’est un bois fendu et non scié. Fendu pour respecter le fil du bois, éviter les déformations et permettre à l’eau de s’écouler beaucoup plus rapidement que si c’est du bois scié ou raboté.
Bon alors maintenant que j’ai fendu mon rondin en petites planchettes d’environ 2 cm d’épais. Cette planchette comme vous pouvez le constater n’a pas une forme régulière. Et donc avec la plane et la chèvre, pour maintenir la planchette en place, je vais travailler à la plane et rectifier tout ce qui est irrégulier. Donc voilà la planchette finie. C’est le premier bardeau qui sort aujourd’hui.
On choisit le châtaignier parce qu’il a plein de qualités. Il est pas comme moi qui suis plein de défauts. Il ne craint pas les parasites, donc il n’a pas besoin de traitements, et il est dit imputrescible. Le châtaignier il vient de chez nous. On travaille à 20km à la ronde. On a suffisamment de matière première. L’avantage de ce bois là c’est qu’il pousse très rapidement, dans les endroits où il se plaît bien sur. Et j’ai déjà coupé 3 fois la même forêt. Et je suis pas loin de la couper une quatrième fois, ce qui est assez exceptionnel. On ne fait pas ça avec du chêne, ni avec du résineux. Je ne connais pas exactement combien peut vivre une forêt de châtaignier, mais elle peut être pratiquement éternelle puisqu’elle va porter des fruits et ces fruits en tombant à terre vont redonner des franc-pieds qui recoupés peuvent encore redonner une châtaigneraie.
Ça c’est un bardeau classique, donc qui est droit à la base, mais on a aussi des bardeaux avec un petit chanfrein, voilà. Alors ce chanfrein pour moi a une utilité c’est que l’eau coule plus rapidement là et que par capillarité on a moins de remontées d’eau.
Donc les essentes qui ont été fabriquées en Creuse, chez Richard, on peut en voir dans toute la France. C'est-à-dire des Pyrénées jusqu’au Pas de Calais. Il y a peu de départements - il y en a - qui n’ont pas du tout d’essentes de châtaigniers, surtout dans les pays chauds et secs. Mais il en existe quand même presque partout. Et on remarque ça beaucoup sur les clochers. Et quand on est habitué à remarquer un toit, un clocher d’église, qu’on croit souvent en ardoise, si on le remarque bien quand il faut du soleil on s’aperçoit que c’est un toit en châtaignier.
A l’aide du paroir je vais donner différentes formes au bardeau. La forme écaille et toutes les formes qu’on peut me demander. Je vais le faire avec cet outil là. Donc tout est fait à l’œil.
Là j’ai plus de munitions.

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